à Monsieur Charles Darwin

J’ai bien reçu votre lettre en réponse à celle que j’eus l’honneur de vous adresser récemment et si j’arrive un peu en retard vous remettre le croquis d’une tête de chèvre avec les appendices en question c’est que je n’ai pu faire autrement que d’attendre l’occasion d’en copier une, pour ainsi dire, au passage, n’en possedant pas.²

Ne m’en veuillez pas si mon croquis n’est guère réussi, je n’ai pas l’habitude de dessiner des animaux et mon manque de savoir est d’autant plus sensible que mon modèle était très remuant et mettait très peu de bonne volonté à se tenir tranquille.

Dans tous les cas le croquis est exact en ce qui touche les appendices et l’endroit où ils sont placés.

Ces appendices ont 70^m/m de longueur, 10^m/m de diamètre, à peu près, sans les poils qui les recouvrent et la distance transversale entre les deux est de 50^m/m environ.³

En les tatant pour me rendre compte de leur diamètre je les ai pincé assez fortement pour voir si la chèvre s’en ressentirait— Mais elle ne s’en est guère aperçue, m’a-t-il semblé.

Ces appendices me semblent de même nature, absolument, que ceux que vous avez décrits chez les porcs.

Je crois avoir remarqué qu’ils sont parfois un peu plus avancé vers la machoire et, d’autres fois, un peu plus bas que sur le croquis.

Il ne me reste, Monsieur, qu’a vous prier d’agréer l’assurance de mon profond respect

H. Ramu.