From J. B. Saint-Lager1 30 January 1877
Lyon
30 janvier 1877
Monsieur et illustre Maître,
Mon ami Mr. Mulsant m’a communiqué la lettre par laquelle vous demandez un article de Mr. Magnin sur l’hétérostylie chez les Primulacées, publié dans nos Annales.2
Bienque l’article demandé ne soit qu’une simple note ne correspondant pas aux espérances que le titre a pu vous faire concevoir, je vous envoie les années 2 et 3 de nos Annales, regrettant de n’avoir plus d’exemplaire disponible de la 1ere année.3
J’ai remis à notre Collègue Mr Grenier de Tenay un exemplaire de la 4e année No 1 de nos Annales, pour vous être envoyé, et je pense qu’il vous est parvenu.4 Vous y trouverez un extrait de votre admirable ouvrage insectivorous plants dont la lecture a vivement intéressé nos Collègues, même ceux d’entre eux qui ne partagent pas vos opinions; j’ai le regret d’ajouter que je suis au nombre de ces derniers.5
Je ne conteste pas que le suc visqueux excrété par les Drosera, et probablement par beaucoup d’autres plantes, ne facilite une décomposition des substances animales, à l’instar des sucs digestifs contenus dans l’estomac des animaux. Mais je crois qu’on peut faire vivre de la manière la plus prospère des Drosera qu’on aurait soin de préserver de toute approche d’insectes et que, par conséquent, ces plantes vivent, comme toutes les autres, des éléments empruntés au sol et à l’aïr.
Mr. Grenier dit à la fin de son mémoire que vous pensez que la meilleure démonstration à l’appui de votre doctrine consisterait à cultiver deux lots de plantes à l’un desquels on fournirait des insectes.6 Il me semble que cette expérience n’aurait pas la portée que vous lui attribuez; car il n’y aurait rien d’étonnant à ce que des plantes qui ont été soumises aux émanations résultant de la décomposition de matières animales reçoivent un surcroît d’activité, comme il arriverait par l’emploi d’un fumier riche en matières azotées.
Je crois donc que l’utilité des sucs visqueux des plantes, si toutefois elle est réelle, n’est pas encore connue, malgré vos très-intéressantes recherches, et je persiste à penser que les plantes ne vivent que de substances minérales. Les matières organiques ne sont utiles aux plantes qu’autant qu’elles sont réduites, par une décomposition avancée, à l’état d’éléments minéraux.
Le Végétal a pour rôle dans la nature de fabriquer des produits organiques et, comme je le dis dans un article sur l’influence chimique du sol, ce serait un cercle vicieux et une véritable anarchie s’il fallait qu’il trouve des substances organiques déjà faites pour en produire lui-même.7
Je vous prie d’excuser la liberté que je prends de vous adresser mes observations, sans avoir pu y être invité par vous et malgré mon peu d’autorité. Croyez d’ailleurs à mes sentiments de vive et profonde admiration. | St Lager
Lyon 8 cours de Brosses.
Footnotes
Bibliography
Correspondence: The correspondence of Charles Darwin. Edited by Frederick Burkhardt et al. 29 vols to date. Cambridge: Cambridge University Press. 1985–.
Grenier, Louis. 1876. Analyse de l’ouvrage de M. Ch. Darwin sur les plantes insectivores. [Read 10 February 1876.] Annales de la Société botanique de Lyon 4 (1875–6): 96–114.
Insectivorous plants. By Charles Darwin. London: John Murray. 1875.
Magnin, Antoine. 1875. Sur l’hétérostylie chez les Primulacées. [Read 1 April 1875.] Annales de la Société botanique de Lyon 3 (1874–5): 65–7.
Saint-Lager, Jean Baptiste. 1876. Étude de l’influence chimique exercée par le sol sur les plantes. [Read 13 January 1876.] Annales de la Société botanique de Lyon 4 (1875–6): 50–84.
Translation
From J. B. Saint-Lager1 30 January 1877
Lyon
30 January 1877
Sir and illustrious master,
My friend Mr. Mulsant has passed on your letter requesting an article by Mr. Magnin on hétérostylie chez les Primulacées, published in our Annales.2
Although the article requested is only a simple note that does not live up to what the title may have led you to expect, I am sending you the years 2 and 3 of our Annales, with regrets that no more copies of the first year remain.3
I have sent our colleague Mr Grenier of Tenay a copy of the 4th year No 1 of our Annales, to have forwarded to you, and I think it arrived.4 You will find in it an extract from your admirable work insectivorous plants the reading of which has greatly interested our colleagues, even among those who do not share your views; I regret to add that I am among them.5
I do not argue that the viscous sap excreted by Droseras, and probably by many other plants, does not promote a decomposition of animal substances, in the manner of the digestive juices contained in the stomachs of animals. But I believe that Drosera that have been protected from all insects can be made to thrive most favourably and that, it follows, these plants live, like all others, on elements taken from the sun and air.
Mr. Grenier says at the end of his note that you think the best demonstration in support of your doctrine would be to cultivate two sets of plants one of which would be supplied with insects.6 It seems to me that this experiment would not have the significance that you attribute to it; for there would be nothing surprising in plants which had been subjected to the products of decomposition of animal material getting an increase in activity, since it would result from the use of a manure rich in nitrogen.
I believe therefore that the utility of the viscous saps of plants, even if it is real, is not yet known, in spite of your very interesting research, and I continue to think that plants only live on mineral substances. Organic substances are of no use to plants unless they are reduced, by advanced decomposition, to the state of mineral elements.
The role of the plant kingdom in nature is to make organic products and, as I have said in an article on the chemical influence of the soil, it would be a vicious circle and veritable anarchy if it was necessary to find organic substances already made in order to produce the same.7
Please forgive the liberty I take in telling you my observations, without having been asked and in spite of my meagre authority. Please believe moreover in my keen and profound admiration. | St Lager
Lyon 8 cours de Brosses.
Footnotes
Bibliography
Correspondence: The correspondence of Charles Darwin. Edited by Frederick Burkhardt et al. 29 vols to date. Cambridge: Cambridge University Press. 1985–.
Grenier, Louis. 1876. Analyse de l’ouvrage de M. Ch. Darwin sur les plantes insectivores. [Read 10 February 1876.] Annales de la Société botanique de Lyon 4 (1875–6): 96–114.
Insectivorous plants. By Charles Darwin. London: John Murray. 1875.
Magnin, Antoine. 1875. Sur l’hétérostylie chez les Primulacées. [Read 1 April 1875.] Annales de la Société botanique de Lyon 3 (1874–5): 65–7.
Saint-Lager, Jean Baptiste. 1876. Étude de l’influence chimique exercée par le sol sur les plantes. [Read 13 January 1876.] Annales de la Société botanique de Lyon 4 (1875–6): 50–84.
Summary
Sends CD parts of the Annales [Soc. Bot. Lyon] in response to his request for a particular article.
States that, despite CD’s work, he does not believe that any plants, including insectivorous ones, can utilise organic material, and that they live solely on mineral elements in the soil and air.
Letter details
- Letter no.
- DCP-LETT-10820
- From
- Jean Baptiste Saint-Lager
- To
- Charles Robert Darwin
- Sent from
- Lyons
- Source of text
- DAR 177: 7
- Physical description
- ALS 4pp (French)
Please cite as
Darwin Correspondence Project, “Letter no. 10820,” accessed on 19 April 2024, https://www.darwinproject.ac.uk/letter/?docId=letters/DCP-LETT-10820.xml